mardi 22 décembre 2015

bougies, encens, désodorisants....des poisons d'intérieur?

Utilisés pour "purifier" l'air ou créer une ambiance cosy, les encens, bougies et sprays peuvent s'avérer dangereux pour la santé.

Allumer une bougie ou un bâtonnet d'encens, vaporiser un spray parfumé ou des huiles essentielles...Autant de gestes d'un rituel parfois quotidien pour prendre soin de soi ou de son intérieur. Et pourtant: plusieurs études confirment des soupçons déjà existants à propos de ces produits qui, sous couvert d'un marketing prônant "naturel" "et bien-être"se révèlent aux mieux inefficaces, au pire mauvais pour notre santé. Une pollution de l'air intérieur aux antipodes de ce que vantent certaines stratégies commerciales qui vont jusqu'à placer ces produits en parapharmacie.

Pollution de l'air intérieur
Meubles, peintures, produits d'entretien: l'air intérieur n'a pas besoin de pots d'échappement pour être pollué. Les troubles de santé associés à une mauvaise qualité de notre habitat sont nombreux  et dépassent les seules pathologies respiratoires, si bien que le coût engendré par cette pollution est estimé entre 10 et 40 milliards de dollars par an (dont un milliard pour le remboursement des médicaments anti-asthmatiques).
Pour cette raison, la loi grenelle 2 de 2010 instaure progressivement la surveillance de la qualité de l'air intérieur dans les Établissements Recevant du Public (ERP).

Désormais identifiée comme un véritable problème de santé publique, la qualité de l'air intérieur a fait l'objet d'un plan national d'action établit en octobre 2013. Ce dernier insiste sur la nécessité d'un meilleur étiquetage des produits désodorisants ainsi que sur le rôle de l'Anses (Agence national de Sécurité de l'alimentation, de l'environnement et du travail) chargée d'évaluer les risques liés à l'utilisation de tels produits afin de lutter contre certains messages commerciaux souvent trompeurs.

Les parfumeurs d'ambiance néfastes pour la santé
Si bougies, encens, sprays et autres parfumeurs d'ambiance sont dans le collimateur des pouvoirs publics, c'est notamment parce qu'ils émettent des composés organiques volatils (COV), substances parfois dangereuses car irritantes, perturbateurs endocriniens, allergènes voire cancérogènes.
Certains de ces composés volatils ont la particularité de réagir au contact de l'ozone présent dans l'air pour former de nouveaux composés tels que le formaldéhyde connu pour être fortement cancérogène.

Face à cette mauvaise réputation grandissante, certains fabricants ont bien tenté d'améliorer leurs produits. Mais le niveau zéro de toxicité ne peut être garanti. Les précautions d'utilisations souvent mentionnées sur les emballages parlent en effet d'elles-mêmes.
L'idéal serait bien sûr de ne jamais utiliser ces produits (qui en tout état de cause ne chassent pas les mauvaises odeurs) et de se contenter des 10 à 15 minutes d'aération quotidienne. Si vous ne pouvez vous y résoudre, une solution plus modérée mais néanmoins lucide consiste à éviter les produits les plus à risques en se renseignant au préalable sur la qualité des produits.
Petit tour d'horizon des produits à risques.

L'encens
Utilisé depuis des millénaires, l'encens est associé à certains rituels guérisseurs notamment dans l’Égypte ancienne pour soigner les maladies pulmonaires et hépatiques grâce à sa faculté à entrer dans le sang par les poumons. C'est cette même faculté qui est aujourd'hui pointée du doigt: la fumée émise par les bâtonnets contient notamment des particules de benzène, une substance classée cancérigène par l'Union européenne et potentiellement responsable de l'apparition de cancers du sang.
La quantité de benzène émise par l'encens est donc désormais fortement contrôlée mais reste qu'en se consumant l'encens dégage également des molécules toxiques comme le monoxyde de carbone, l'oxyde d'azote ou encore le dioxyde de souffre. On déplore également dans les vapeurs de certains encens chimiques la présence de concentrations très fortes d'hydrocarbures polycycliques, des composants chimiques très cancérigènes. Certaines études tendent même à penser que cette réaction inflammatoire a des conséquences aussi nuisibles sur les poumons que la fumée de cigarette et déclarent la consommation d'encens dangereuse pour la santé quand bien même elle ne serait que mensuelle.

Les bougies
Toute bougie allumée est source d'émission de substances polluantes car tout phénomène de combustion émet des particules fines, des résidus tels que des particules de suie ou du monoxyde de carbone . Du fait de leur taille microscopique, ces particules fines ne sont pas arrêtées au niveau du nez ou de la gorge et pénètrent dans les voies respiratoires jusqu'au alvéoles pulmonaires.
La situation est ensuite différente selon la composition de la bougie. Celles dont la cire est paraffine (dérivé du pétrole) sont à proscrire et il est préférable de s'orienter vers des bougies en cire d'origine végétale (soja, palme) ou celles 100% cire d'abeille qui sont les moins nocives.
En plus de leur base de cire, certains produits peuvent contenir des colorants ou des additifs visant notamment à leur donner une senteur agréable grâce à des huiles essentielles naturelles ou des parfums de synthèse. Il va sans dire que ces éléments supplémentaires sont autant de facteurs allongeant la liste des substances émises potentiellement néfastes telles que l'acroléine ou le formaldéhyde qui sont cancérogènes. BILAN: pour chasser les mauvaises odeurs, ne parfumez pas mais aérez ou préférez des solutions désodorisantes naturelles à base de bicarbonate de soude par exemple. Enfin, s'agissant de la mèche, celles en plomb sont à éviter fortement tandis qu'une mèche 100% coton sera gage d'une moindre innocuité.

Les sprays et aérosols
Dans la famille des "pschitt" il y a ceux qui parfument, ceux qui désodorisent, ceux qui " purifient", ceux qui sont antibactériens, antifongicides....la liste des merveilles promises par ces produits ne sera cependant jamais aussi longue que celle des substances néfastes qu'ils ajoutent ou créent dans l'air ambiant par oxydation (la réaction  entre les substances du spray et de l'ozone présent dans l'habitat).
Parmi ceux-ci figurent de nombreux allergènes, des perturbateurs endocriniens, du benzène (hydrocarbure cancérogène impliqué dans les leucémies et les lymphomes) et autres substances affectant les voies respiratoires.Mauvaise nouvelle, les sprays d'huiles essentielles ne sont pas exempts de toute critique, au contraire puisque le taux de terpènes susceptibles de s'oxyder pour former d'autres composés cancérogènes y est plus important ainsi que le relève une étude de l'association de consommateurs "UFC Que choisir" réalisée en 2014 pour conclure que leur vente en parapharmacie n'est donc pas gage d'innocuité mais relève simplement d'une stratégie marketing.
BILAN: aérez ou tournez-vous soit vers de simples épurateurs d'air en veillant toutefois à entretenir le filtre de manière régulière ou pour plus d’efficacité vers des purificateurs d'air par photocatalyse.

Le papier d'Arménie
 Fabriqué depuis 1885 en région parisienne à partir de la résine de benjoin, le papier d'Arménie bénéficie d'une meilleure réputation: son test par l'"UFC Que choisir" a révélé la plus faible émission de benzène et formaldéhyde. Il ne faut cependant pas oublier que son procédé de fabrication fait appel à des extraits de parfum et que son utilisation crée un phénomène de combustion qui provoque la formation de composés organiques toxiques. Autant d'éléments qui invitent à utiliser ces petites bandelettes de papier buvard modérément.

vendredi 18 décembre 2015

qualité de l'air intérieur: des lycées trop confinés

Maux de tête, fatigue, baisse de l'attention, pathologies respiratoires: la mauvaise qualité de l'air intérieur peut avoir des conséquences sur la santé. La région Rhône-alpes a mis en place un programme d'amélioration de la qualité de l'air dans les lycées.

12 lycées de la région ont été passés au crible. Air Rhône-Alpes, l'organisme chargé de surveiller la qualité de l'air a placé ses capteurs dans des dizaines de salles de classe. les analyses ont mis en évidence des niveaux de polluants trop élevés dans certains établissements. La cause? de mauvaises pratiques de ventilation et des matériaux et autres produits d'entretien émetteurs de substances polluantes.

Benzène et formaldéhyde
D'après Air Rhône-Alpes, "il apparait que le renouvellement de l'air n'est pas satisfaisant dans plusieurs salles de classe, au sein  desquelles le taux de confinement peut parfois être élevé. Ce constat est particulièrement vérifié dans les lycées ne disposant pas de système de ventilation mécanique performant". Les concentrations en benzène dépassent la valeur guide de 2016 dans une seule classe. De même, il n'y a qu'une pièce (un CDI) qui présente des concentrations en formaldéhyde supérieures à la valeur guide de 2015.

Ventiler pourrait faire gagner un an de cours
Mais quels effets sur la santé une mauvaise qualité de l'air intérieur peut-elle entraîner? Des maux de tête, de la fatigue, une baisse de l'attention, des irritations des voies respiratoires, des allergies et dans les cas les plus graves des pathologies respiratoires. D'ailleurs une étude danoise a montré qu'un doublement du taux de ventilation dans les salles de classe augmentait les performances des enfants de 15%, soit l'équivalent d'une année d'enseignement.

Bâtiments mieux isolés...donc étanches
"Pour l'instant la qualité de 'air intérieur n'est pas un sujet de préoccupation du grand public. Pourtant on retrouve fréquemment du formaldéhyde (classé cancérigène) dans l'air et des composés organiques volatils, surtout depuis que les bâtiments sont mieux isolés, donc de plus en plus étanches", explique Géraldine GUILLAUD, qui a coordonné l'étude Air Rhône-Alpes.
Du coup, la région Rhône-Alpes a mis en place des actions de sensibilisation dans 4 lycées. Élevés et professeurs volontaires ont mené des campagnes de mesure de l'air intérieur. A l'issue de celles-ci l'organisme chargé de la qualité de l'air a interprété les résultats et accompagné dans la démarche d'information. Un site internet a même été crée (challenge.air-rhonealpes.fr). Le conseil régional a annoncé qu'une dizaine d'autres lycées bénéficieraient de ce dispositif en 2016.

Par Emmanuelle SAUTOT

mardi 15 décembre 2015

L'air du bureau ralentirait notre cerveau

Il vous arrive régulièrement à la fin d'une journée de travail de devoir faire des efforts surhumains pour rester concentré voire pour ne pas tomber la tête la première sur votre clavier?
 Nous avons trouvé le coupable: l'air de l'open space!

 L'air que nous respirons au bureau serait-il responsable de notre traditionnel coup de mou de la fin de journée? C'est ce qu'avance une récente étude menée par des chercheurs des universités de Harvard et Syracuse, et publiée dans la revue Environmental Health Perspectives. Selon eux, la qualité de l'air intérieur de nos bureaux aurait un impact significatif sur nos capacités cognitives.

Les scientifiques ont notamment constaté que les personnes travaillant dans les bâtiments "verts" (respectueux des normes environnementales) et bien ventilés présentaient un meilleur fonctionnement cognitif que les travailleurs de bureaux "non-verts" et mal aérés. En cause? Le CO2 exhalé par les salariés et qui stagnerait dans l'air à cause d'une mauvaise ventilation.

"Ces résultats suggèrent que même de modestes améliorations de la qualité de l'environnement intérieur peuvent avoir un impact profond sur la performance de la prise de décisions des travailleurs" écrit l'auteur principal de l'étude Joseph ALLEN, par ailleurs directeur du programme des bâtiments sains au centre de Harvard pour la santé et l'environnement mondial.

Pour étudier l'impact de la qualité de l'air sur le système cognitif, les scientifiques ont analysé l'environnement de travail de 24 volontaires sur six jours de travail. Chacun était exposé à différents niveaux de qualité de l'air intérieur. Les résultats sont édifiants: les participants travaillant dans des bâtiments présentant un faible taux de pollution de l'air intérieur ont présenté des scores cognitifs en moyenne 61% supérieurs aux travailleurs travaillant dans un bâtiment classique.
Les résultats obtenus sont avérés dans l'ensemble des capacités cognitives sollicitées au travail: l'activité de base, l'activité appliquée, l'activité ciblée, l'orientation des tâches , la réponse aux crises, la recherche d'information, l'utilisation de l'information, l'amplitude de l'approche et de la stratégie. Une bonne raison pour sortir s'aérer l'esprit une à deux fois par jour et si possible d'ouvrir régulièrement les fenêtres de l'open space pour éviter toute pollution intérieur de l'air.

Article écrit par Charlotte ARCE